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Biostimulation L'efficacité partielle mais pertinente des biostimulants

Les produits de stimulation des plantes font l'objet d'un rapport récent commandité par le ministère de l'Agriculture © Valérie Vidril Les produits de stimulation des plantes font l'objet d'un rapport récent commandité par le ministère de l'Agriculture © Valérie Vidril

Selon un rapport commandité par le ministère de l'Agriculture, l'efficacité des biostimulants et des stimulateurs de défense des plantes est "parfois difficile à démontrer".

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Selon un rapport commandité par le ministère de l'Agriculture, l'efficacité des biostimulants et des stimulateurs de défense des plantes est "parfois difficile à démontrer".

A la demande du ministère de l'Agriculture, le cabinet de conseils Bio by Deloitte et le centre de recherches Rittmo Agroenvironnement ont rédigé un rapport sur les « Produits de stimulation en agriculture visant à améliorer les fonctionnalités biologiques des sols et des plantes ». Mise en ligne début février, cette étude réalise en premier lieu un panorama de ces produits (*) afin d'en définir les contours et les caractéristiques. Elle fait le point sur les connaissances scientifiques, décrit leur positionnement dans les cadres réglementaires existants, et en étudie la dynamique de marché. Dans un second temps, elle dresse des perspectives à moyen terme et formule des recommandations à destination du ministère. Selon l'étude, « en raison de la complexité des substances actives et de leurs modes d'action particuliers, l'efficacité des produits de stimulation, que ce soient les biostimulants ou les SDP, est parfois difficile à démontrer. »

Une efficacité "plus faible" mais "mieux que rien"« Pour les produits de type SDP, on compare dans la plupart des cas leur efficacité à celle des produits "classiques" qui sont souvent plus efficaces. Il est pourtant nécessaire de ne pas écarter une substance dont l'efficacité serait certes plus faible mais qui pourrait s'avérer utile si elle permet de faire "mieux que rien", par exemple en permettant une résistance même faible contre un bioagresseur ou en améliorant un processus physiologique de la plante qui ne serait pas stimulé en l'absence du produit. Une telle efficacité, même "partielle", pourrait en effet réduire ou retarder l'application d'un produit phytosanitaire plus classique. Cette efficacité "partielle" est également pertinente dans le cas des impasses techniques : quand un SDP permet de pallier l'absence de produit phytopharmaceutique "classique" autorisé pour un usage spécifique (cas des usages orphelins). On touche ici à la notion d'efficacité globale d'un produit (...). Dans certains cas (...), il est nécessaire de ne pas écarter une substance dont l'efficacité serait certes plus faible, mais dont l'efficacité globale (utilité) serait tout de même un atout. »L'utilisation de ces produits entraîne certains bouleversements culturels, notamment en protection des cultures, avec le passage d'une logique curative à une logique préventive.

Reconnaître la forte influence de facteurs extérieurs« La controverse liée à l'efficacité des produits de stimulation vient principalement du fait que certains produits mis sur le marché ont une efficacité variable en raison de la forte influence de facteurs (environnementaux, physiologiques, etc.) qui sont, soit mal connus (besoins de travaux de recherche complémentaires), soit non communiqués de façon claire par les metteurs sur le marché, soit mal pris en compte lors de l'application par les utilisateurs (besoin de formation). De plus, il existe parfois un décalage entre des revendications de marketing fortes, des attentes importantes des utilisateurs, et les effets réellement observés. »« Toutefois, certains produits de stimulation ont réellement démontré une efficacité en plein champ lors d'essais réalisés en conditions réelles d'utilisation. Il est donc essentiel de ne pas généraliser les problèmes d'efficacité de ces substances et par ailleurs de favoriser des approches leurs permettant d'être intégrés dans des programmes de protection des cultures, et non pas en substitution totale de produits ‘conventionnels'. »

Une stratégie prometteuse sous certaines conditionsL'étude et notamment les entretiens avec les acteurs ont permis de mettre en avant trois enjeux clés pour le développement de l'utilisation de ces produits :- Le cadre réglementaire : la prise en compte des spécificités des produits de stimulation dans la réglementation apparaît un préalable aux autres actions.- La formation : une sensibilisation des agriculteurs aux potentialités des produits de stimulation, la mise en place de programmes de formation et d'accompagnement permettraient d'optimiser leur utilisation. Les conseillers techniques doivent aussi être formés en conséquence. L'enseignement agricole doit être mobilisé.- La recherche et le développement : il apparaît nécessaire de poursuivre la recherche pour faire progresser l'efficacité des substances. Au niveau du développement des spécialités commerciales, un travail sur la formulation et le mode d'application apparaît nécessaire. Des liens renforcés entre recherche fondamentale et industriels permettraient par ailleurs d'accélérer le passage du laboratoire au champ, mais également une meilleure remontée d'informations du terrain vers les scientifiques

Télécharger le rapport : http://agriculture.gouv.fr/Produits-stimulation-en-agriculture-ameliorer-fonctionnalites-biologiques-sols-et-plantes

(*) L'appellation générique de « produit de stimulation » a été utilisée pour qualifier les deux types de produits sur lesquels l'étude a porté : les « stimulateurs de défense des plantes » (SDP) utilisés dans le cadre de la phytoprotection ; les « biostimulants » utilisés dans le domaine de la fertilisation.

V.V.

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